Lire la Bible en groupe : une urgente nécessité spirituelle

Sr Isabelle DONEGANI, Lire la Bible en groupe : une urgente nécessité spirituelle, Sémiotique et Bible n°153, 2014.

Ce texte de Sr Isabelle Donegani (Bible & Lecture Suisse romande) reparcourt les conclusions d’une rencontre du Réseau Bible & Lecture, qui réunit les conseils d’administration des associations de lecture sémiotique de France et de Suisse. Des aspects fondamentaux de la lecture sémiotique en groupe y sont exposés. Plusieurs volets de l’acte de lecture sont déployés, permettant de tracer un parcours entre un avant et un après dans le rapport au texte : la lecture « avant la lecture » ; la lecture suspensive ; la conversion comme décision éthique. Ce chemin de lecture conduit à un repositionnement du lecteur qui se déplace d’un travail sur le texte à un travail du texte sur le lecteur. C’est là que la lecture en groupe fait « lire pour entendre », pour « contempler le visible et voir l’invisible ».

Lire la Bible en groupe : une urgente nécessité spirituelle (1) Télécharger en pdf

INTRODUCTION. LE RESEAU BIBLE & LECTURE DES ASSOCIATIONS CADIR

Réunis en novembre 2013 à Bordeaux, les conseils d’administration des Associations CADIR de France et de Suisse [1] ont entériné la création d’un Réseau les regroupant, baptisé “Réseau Bible & Lecture” [2]. Ils achevèrent aussi la rédaction d’un “Référentiel” énonçant, de manière simple et accessible, quelques-unes des spécificités de la lecture sémiotique en groupe. En plus de cette charte qui permet désormais une reconnaissance mutuelle des Antennes régionales du CADIR, des axes de travail pour les années à venir furent déterminés. Apparurent prioritaires la recherche appliquée en sémiotique biblique et, couplée à elle, la question de la formation des animateurs de groupes de lecture. Les réflexions qui suivent, élaborées dans le sillage d’une formation à l’animation de groupes bibliques donnée en Suisse et à Grenoble en 2008-2009, visent à articuler, comme les deux pieds d’un même corps en marche, réflexion théorique et recherche pratique sur la lecture de la Bible en groupe. Parmi les propositions amenées, certaines le sont avec une relative assurance. D’autres témoignent de questionnements et de débats en cours au sein même du Réseau “Bible & Lecture”. Il n’est pas certain, tant s’en faut, qu’il soit utile (ni même souhaitable) de les refermer trop vite. Le travail à mener plus avant entre théoriciens et praticiens de la lecture de la Bible en groupe servira, nous le souhaitons, au creusement de l’intelligence du champ théologique, pastoral et spirituel que constitue le rapport aux Ecritures, en Eglise et dans les communautés chrétiennes. Plus largement encore, il a vocation à servir l’espérance d’un homme moderne confronté à un cruel déficit de repères et de fondements vitaux. Car c’est un chemin spirituel christique qui s’y donne à vivre, et pour être traditionnel en Eglise, celui-ci n’en est pas moins à (re)découvrir et expérimenter de toute urgence dans une société désabusée non encore suffisamment revenue de la désastreuse fuite en avant technocratique qui menace jusqu’en ses racines l’âme humaine.

LA LECTURE “AVANT LA LECTURE”

Si la lecture (et c’est une première définition que nous en proposons) est cet espace offert à l’homme pour y rencontrer l’(A)autre, en ses modalités diverses, et s’en trouver renouvelé, il est nécessaire qu’avant la lecture, celle-ci soit délestée de tout le poids de ce que le lecteur croit savoir ou pouvoir dire, du texte comme éventuellement de son auteur, mais aussi de ce qu’il s’attend à y trouver ou retrouver, et de ce qu’il juge par là pouvoir conforter ou réprouver, etc.

“FAIBLESSE DES ANGES” : LA LECTURE SUSPENSIVE

Cette attitude et cet état d’esprit nous sont peu “naturels” et il est significatif d’en trouver trace en critique littéraire profane tout autant qu’en terre biblique ou religieuse. Ainsi, à titre d’exemple, et dans une perspective didactique, citons les neufs modalités ou formes de “lecture” que répertorient les auteurs de : Pour une lecture littéraire, approches historique et théorique [3]. S’appuyant sur des pages de Christian Bobin dans son livre : Une petite robe de fête [4], ils énumèrent ainsi la lecture avant la lecture (l), la lecture tâtonnante (2), la compréhension linéraire globale (3), l’interprétation historique (ou générative) (4), l’interprétation psycho-biographique (5), l’interprétation actualisante (6), l’interprétation linguistico-stylistique (7), l’interprétation autoréférentielle (8) et la lecture suspensive (9). L’acte de lecture est ici positionné entre une sorte de point alpha d’“avant” la lecture et un point oméga de “suspens” qui en spécifie la fin. Pour le dire autrement : la lecture est supportée par cette heureuse tension entre ce commencement et cette fin, particuliers. Ce sont eux, cet “avant” et ce “suspens”, qui en rendent possible l’advenue, à ces conditions mêmes, moyennant toute une gamme d’intermédiaires avec lesquels le lecteur (ou le groupe lecteur) sait fort bien allègrement jouer, dans les groupes de lecture biblique aussi. Terminologie évocatrice donc, et que nous pouvons garder en mémoire au moment d’entrer dans le champ spécifique de la Bible, œuvre pleinement et majestueusement littéraire s’il en est.

EN TERRE BIBLIQUE : L’OREILLE, LA NUQUE ET LA CONVERSION

La Bible en effet n’a de cesse, bien qu’en des termes spécifiques, d’inviter son lecteur à cette (dé)marche “suspensive”. Ouvrir l’oreille, assouplir sa nuque, “se convertir”… s’y entendent d’un appel à changer de manière de voir et de penser, et donc d’agir et de vivre [5]! Mais pareille transformation s’inaugure en cet “avant”, ce commencement des commencements que constitue “l’écoute” de la Parole. C’est de cela qu’il est question dans ce que les sémioticiens nomment “débrayage” et qui spécifie cette posture d’avant-lecture appelée pourtant à demeurer active tout au long de la démarche de lecture. C’est l’acte sans doute le plus délicat et difficile à opérer, pour chaque lecteur et pour tout groupe. Car s’il s’agit de se disposer à entendre à neuf de l’encore inouï et de l’encore insu, il y est question, intrinsèquement, de déprise et d’ouverture. Anne Fortin [6] parle à ce propos de “décision éthique”, qu’il est nécessaire de poser au fondement même de la possibilité de la lecture entendue comme processus qui sans cesse fait appel à l’ouverture, et ce par-delà même le moment de son achèvement (provisoire), quand le temps de la lecture s’achève. Alors, l’achèvement ne clôture ni ne boucle. Il ouvre sur un après-lecture qui peut prendre des formes variées selon les lecteurs et chez chaque lecteur aussi. L’écoute de la Parole de Dieu ouvrant sur la contemplation du mystère révélé, il peut être question alors, pour certains, de “prier”, pour d’autres, de laisser libre cours à une créativité renouvelée, par le biais de modes d’expression divers (écriture, peinture, composition musicale, etc.). Cette écoute stimule et active des choix existentiels et pratiques concrets, puisque véritablement elle travaille le lecteur jusqu’à la jointure de l’âme et du corps, comme l’écrit la lettre aux Hébreux : “Vivante en effet est la parole de Dieu, et énergique, plus affilée qu’aucun glaive à double tranchant et pénétrant jusqu’à séparer âme et esprit, articulations et moelles, et jugeant les affects et les pensées du cœur ; aussi n’est-il pas de créature invisible devant elle : tout est nu et subjugué à ses yeux, et devant elle (s’élève) notre parole” (He 4, 12-13). Ecouter la parole libère en soi l’espace de foi d’amour et de conversion [7]. Ce postulat d’ouverture et de disponibilité à l’entendre rend compte de la possibilité qu’advienne du nouveau, pour chacun et pour tous, dans le passage de la parole.

UN EXIGEANT TRAVAIL A POURSUIVRE EN COMMUN

Ainsi envisagée, la lecture est cet entre-deux qui fait que le temps d’après diffère de celui d’avant, par la grâce de l’Esprit à l’œuvre dans la parole dont le texte permet la manifestation, lui qui est médiateur de parole (qualifions-le ainsi, dans l’attente de trouver mieux pour dire sa fonction d’intermédiaire grâce auquel la parole peut advenir à l’entendre) [8]. Et cette lecture, qui n’est ni spontanée, ni évidente, postule un travail du lecteur sur le texte, certes, mais aussi du texte sur le lecteur qui n’en sort pas indemne. Et cette marche se vit moyennant la mise en/au travail du groupe lui-même. S’aventurant à plusieurs dans la visite du texte, chaque lecteur participe de l’effort commun d’en dégager quelques axes signifiants majeurs, d’en percevoir un ou plusieurs niveau(x) second(s) qui feront apparaître des choses invisibles au premier regard et qui éclaireront l’intelligence du texte [9]

.

LIRE POUR ENTENDRE, CONTEMPLER LE VISIBLE POUR VOIR L’INVISIBLE

De ce point de vue, ce qu’opère la lecture, ce passage du texte lu à la parole entendue (dans/par et à travers le texte) n’est pas sans analogie avec la démarche qu’un auteur comme Ignace de Loyola, maître spirituel du XVIe siècle, propose pour rencontrer Dieu : contempler le visible pour y voir l’invisible. Si Dieu, “nul ne l’a jamais vu”, “le Fils unique qui est dans le sein du Père, celui-là l’a fait connaître”, dit le prologue du Quatrième évangile (Jn 1,18). Et la Première Epître de Jean prolonge ce sillon, écrivant : “Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont palpé du Verbe de vie – et la vie s’est manifestée, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi” (1 Jn 1,1-3). C’est là sans doute qu’est attendu tout lecteur assoiffé de connaître le Verbe, de renaître en Lui à une vie nouvelle et sauve. Et la communauté elle-même, l’Eglise, naît de cette expérience du Verbe de vie qui la construit en Corps du Christ.

UNE PRATIQUE TOUTE DE PATIENCE ET D’ATTENTION

Mais revenons un peu avant, au travail même de la lecture. Le texte est mort, il reste lettre morte, tant qu’un lecteur ou un groupe de lecteurs ne l’a pas (re)-suscité, comme œuvre vivante où peut se dire une parole pour lui. Ce travail demande (nous l’avons noté en parlant de “débrayage”) une déprise de ce qu’assez spontanément le lecteur va chercher à faire : retrouver dans le texte des expériences personnelles, des analogies avec sa vie ou celle de ses proches, voire encore, de manière plus abstraite, des éléments de contenu ou de structuration qui lui sont déjà connus ou qui sont rapidement repérables dans le texte. Ne partant pas de rien, mais de lui (ses expériences, sa vie, sa culture, ses précédentes lectures, son catéchisme, sa théologie, etc.), enclin à retrouver ce qu’il connaît déjà, le lecteur est pourtant convié, partant d’où il est et de qui il est, à s’offrir à l’advenue du nouveau qui se donnera à reconnaître, peu à peu, dans le travail de la lecture. La marche en est longue, certes. Elle est une pratique : celle du pas à pas d’un apprentissage jamais achevé. Elle demande de parcourir et reparcourir le texte, dans une visite patiente, en compagnie d’autres lecteurs, eux aussi attentifs à la parole qui advient, semée en eux par le texte et par la grâce d’un texte à rencontrer, lui aussi, tel qu’il se donne à lire et à entendre [10].

LAISSER LA PAROLE TOUCHER LA CHAIR

Dernière remarque : il ne s’agit en rien, dans ce travail, de renoncer à la chair. Le “toucher intérieur” de la parole lui donne de rencontrer la chair et, s’y inscrivant, de la vivifier en l’“altérant/altérisant”. Pourtant, comment rendre compte de ce qui (se) passe au travers de cette lecture, et qui touche la chair de chacun ? Quand et comment cette pâque, ce passage advient-il, en fin de compte ? Est-ce tout au long du parcours, à l’intime de chacun, sans marque quantifiable ou repérable ? Est-ce dans une fin chronométrée, quand vient l’heure de s’arrêter et de clore la lecture avant de se quitter ? Est-ce alors le moment-clé ? C’est sur ce point “alpha-et-oméga” de la lecture que les convictions et pratiques des Associations CADIR divergent, manifestant la différence de quelques-uns de leurs présupposés méthodologiques et théoriques. Examinons cela de plus près. De nombreux groupes expriment le besoin et défendent le bienfondé d’une sorte de “fin-finalité” de la lecture en groupe se vivant tout au long du parcours et au moment de clore la rencontre, sous le mode du soin pris par l’animateur ou quelqu’un du groupe, soit d’en relire le parcours, soit d’en récapituler ou reformuler acquis et découvertes, soit d’en (ré)organiser de manière plus ou moins magistrale, les contenus de sens récoltés. Pareille “attente” d’une “fin de (la) lecture” donnant à lire du lisible et à entendre des choses “clairement” énoncées et énonçables, est-il nécessaire de le préciser, est sans doute présente chez tout lecteur, de manière plus ou moins consciente. Tous, nous portons, plus ou moins aiguisé et exigeant, un esprit un tant soit peu cartésien et doté d’une logique désireuse de clarifier, de comprendre, de trouver et donner du sens aux mots et aux choses. Et il donc acquis, à moins de nous prendre pour des anges ou des mystiques aboutis, que sont nécessaires et bienvenus pour chacun, dans cet entre-deux de la lecture, des moments où se cristallise une part plus organisée de réflexion construite, nourrie de savoirs et d’informations divers, de la ressaisie aussi d’une part de la nouveauté de cette terre d’asile “mental”, de repos “spéculatif” et d’étonnant foisonnement intellectuel vers laquelle semble nous conduire la lecture. Certains groupes vont plus loin et expriment la demande explicite, quand vient l’heure de s’arrêter de lire, de “synthétiser” les acquis, d’engranger la moisson, d’agrandir les greniers. Cela se vit nécessairement au travers un acte de nomination qui, classant, répertoriant et ordonnançant les éléments épars, assoit autant les dires et que le dit, assume un savoir certain “sur la chose” textuelle et diverses convictions qui en découlent, dans le cadre du travail mené en groupe. S’agit-il alors d’une mainmise fallacieuse, outrancière, voire indue de ce “lieu” où la lecture engage, lieu d’écoute, de foi et d’intelligence aussi ? Qu’advient-il alors du fondement du processus, ce mouvement de “débrayage” qui en qualifie non seulement la mise en route mais, sous un certain mode, toute la marche, fin comprise ? Dans l’hypothèse au postulat différent où la lecture n’aboutit pas, à terme, à une “fin” articulée comme “reconstruction” d’un sens, fut-il autre, qui sert-elle et à quoi sert-elle ? A un nouvel “embrayage”, répond la lecture “déconstruction-reconstruction” ; et celui-ci prend plus ou moins visiblement la forme d’un nouvel état de connaissance, d’expérience, de compréhension, d’entrée personnelle et/ou communautaire dans le dévoilement plus avant du Royaume de Dieu à nos cœurs et esprits… On le voit, la question est ardue et complexe, et il n’est pas sûr qu’il en faille opposer les moments ou la fin. Car s’il est question du mystère du Royaume de Dieu qui se donne à accueillir et à goûter, quelle sorte de lecture peut en rendre compte ? Y reconnaître la “révélation de Jésus Christ” donnée au lecteur, c’est y voir le don d’une béatitude. Jean de Patmos s’en émerveille : “Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de cette prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit, car le temps est proche” (Ap 1,3) ? Et Jésus lui-même l’a offert en partage à ses disciples au moment de donner à entendre les paraboles du Royaume : “À vous a été donné le mystère du royaume de Dieu” (Mc 4,11). Ne s’agit-il pas, dans ce qui précisément se vit et se joue alors, d’expérimenter le Corps du Christ en gestation et la participation de soi-même à ce mystère d’engendrement ? Pareille expérience peut-elle se traduire en des mots reliés par une logique argumentative et des présupposés causatifs, fussent-ils reliés à un acte de lecture ? N’est-on tenté alors de la figer en une construction faite de mains et (surtout) de concepts d’homme ?

AU LIEU DU NON-SENS DES TEXTES, L’INCORPORATION AU CHRIST

Mais alors, si nous maintenons l’hypothèse d’une certaine fin(alité) de la lecture, au final, quelle est-elle ? Peut-on parler, en quels termes et en quel sens, d’un “résultat” de la lecture en groupe ? Philippe Monot, du CADIR Bretagne (Nantes), s’est risqué à s’expliquer sur cette subtile question dans un échange de mails ayant suivis une rencontre préparatoire du projet Réseau inter-CADIR. Nous citons ce qu’il nous écrivait alors : “Dans les groupes de lecture biblique, nous faisons la découverte qu’il y a congruence entre ce qui se passe dans l’acte collectif de lecture et ce que disent les textes que nous lisons. Si, au départ, chaque lecteur est mû par son désir de comprendre le texte, la lecture, s’appuyant sur ce désir, le décale, l’appelant à accueillir le don de l’Esprit en lui. Pour chacun des lecteurs, cet accueil ne peut se faire qu’au lieu du dépouillement de sa propre vie, de son histoire, dans l’en-bas, dirait MAURICE BELLET cité plus loin. Pour ce qui est de l’acte de lecture, cet accueil se fait au lieu du non-sens des textes, là où le sens achoppe, là où s’ouvre la vertigineuse faille dans le sens. Seul un groupe de lecture, respectueux de la parole et de la présence inconditionnelle de ses membres, peut être le cadre de ce passage. Le groupe en est le cadre, mais il est aussi la figure métaphorique de ce qui s’annonce ici : l’incorporation au Christ. Le “résultat” d’un acte de lecture en groupe n’est donc pas une reconstruction du sens, mais le groupe de lecture lui-même, comme figure de ce qui se joue vraiment : l’humble et si difficile acceptation d’être intégré à la chaîne des noms de ceux qui se laissent faire par la Parole. Chaîne signifiante dirait JEAN CALLOUD, bien plus originaire que ce qui peut être signifié. Et Parole qui finalement ne vise rien d’autre que cette intégration, qu’à rassembler sous son aile ceux qui s’abreuvent à la source paternelle. Plus précisément, le “résultat” de l’acte de lecture en groupe n’est pas le groupe de lecture lui-même, mais le groupe de lecture en ce qu’il est métaphore, prémisse de ce qui s’annonce ici et qui le dépasse. Il est un lieu d’acquiescement à la Parole qui s’entend, lieu non point originaire, tant l’acquiescement à la Parole vient de plus loin que ce que nous faisons, mais lieu réel, concret, tangible de ce travail d’acquiescement. Par extension, le groupe de lecture peut s’entendre – au-delà des quelques-uns réunis en un lieu à un instant donnés –, comme cette communauté de lecteurs, au sens large, que nous formons à distance de temps et d’espace, depuis que la lecture de ces textes est le chemin privilégié pour l’entendre de la Parole. L’autre lieu, primordial, de l’acquiescement à la Parole en nous, est l’Eucharistie. Réception de ces miettes de pain, comme acceptation d’être intégré à Celui qui est tout en tout. Les deux s’articulent profondément”.