Notes
[1] Ce rappel se situe dans la continuité des éléments indiqués par le premier document de ce parcours, qu’il précise et développe. Cf « Un cadre théorique : le « schéma de la parole » », §2a.
[2] Ces indicateurs sont les « embrayeurs », classe de mots qui n’ont pas de référent propre dans la langue, et ne reçoivent un référent que lorsqu’ils sont inclus dans un discours. « Par exemple, je, papa, hier, ici ne prennent de valeur que par référence à un locuteur et par référence au temps de l’énonciation. » J. DUBOIS, etc… Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse, 1973, p 184
[3] Cette ouverture sur l’énonciation a été permise par le fait que, pour Benveniste, « L’instance d’énonciation est relative à la mise en discours (discursivisation) des signes dans la phrase et pas seulement à la production de l’énoncé et aux effets de sa communication ; elle se manifeste par le discours lui-même, et pas seulement par des marques linguistiques dans l’énoncé. Il peut être question alors d’une manifestation du sujet de l’énonciation dans le discours énoncé (ou dans l’énoncé en tant qu’il est discours). » L. PANIER, La naissance du Fils de Dieu, Cogitatio fidei N° 164, Cerf, Paris, 1991, p 104. Une approche très différente de l’énonciation a été proposée par les travaux de J.C. Coquet,
[4] L. PANIER« Approches sémiotiques de l’énonciation », Sémiotique et Bible n° 142 / juin 2011, p 17-18.
[5] L. PANIER, La naissance du Fils de Dieu, p 111-112.
[6] Cf « Un cadre théorique : le « schéma de la parole » », §2a. Rappelons que cette expression provient de Jean Delorme.
[7] D. BERTRAND, Précis de sémiotique littéraire, Paris, Nathan, 2000, p 54. L. Panier note de même : « C’est à partir de l’énoncé, reçu comme discours, et saisi comme un tout de signification, que se pose la question des conditions de cette saisie. », « Approches sémiotiques de l’énonciation », p 8.
[8] L. PANIER, « Approches sémiotiques de l’énonciation », p 7. Voir également : « C’est bien de “trace” qu’il s’agit, dans la mesure où l’énonciateur se projette dans l’énoncé sous les figures de ce qu’il n’est pas, dans un discours par où seulement il peut être “articulé” et signifié comme “je”, et dans lequel la parole, par quoi le sujet a fait acte de présence, est à l’état de trace creusée dans l’articulation singulière du texte. L’énonciateur est sujet d’énonciation dans la non-parole de l’écrit, confié à ce qui, dans le langage, lui est autre et lui donne à (se) dire. » L. PANIER, La naissance du Fils de Dieu, p 117.
[9] Du point de vue de l’énonciation acteurs, espaces et temps résultent du « débrayage » par lequel un sujet, indexé sur les coordonnées d’un « je – ici – maintenant », se projette dans son énoncé sous la forme de « non je » (les acteurs), de « non ici » (les espaces) et de « non maintenant » (les temps). Cf A-J GREIMAS & J. COURTÈS, Article “Débrayage”. “Dictionnaire raisonné de la théorie du langage”, t. 1, Paris, Hachette Université, 1979.
[10] Par définition en effet, un acteur (et semblablement un espace ou un temps) de l’énoncé n’est pas la position d’énonciation à partir de laquelle il est énoncé : il appartient à l’énoncé, tandis qu’elle en est le présupposé.
[11] « Ce sujet qui n’aurait aucune existence si l’énonciation ne l’instaurait ne surgit en conséquence que comme sujet divisé, c’est-à-dire sujet que l’on doit présupposer dès lors qu’est articulé un énoncé, mais sujet aussitôt disparu dès lors que son surgissement coïncide avec son évanouissement dans l’énoncé qui seul reste derrière lui. Existant hors du discours qui le présuppose, il ne peut être approché que par l’énoncé qu’en fait il n’est pas. Peut-être est-ce cet effet de division du sujet que Rimbaud visait par sa célèbre formule « Je est un autre », toujours autre que le discours qui pourtant témoigne de lui. », Fr. MARTIN, « « Les feuilles mortes » » de Jacques Prévert : Approches de l’énonciation », Sémiotique et Bible n° 117 / mars 2005, p 13.
[12] C’est pourquoi, rappelons-le, on parle d’une instance d’énonciation.
[13] Comme Greimas, les chercheurs du CADIR ont longtemps parlé de « scènes discursives ». Les confusions suscitées par ce terme ont engagé à le remplacer ces dernières années par celui, plus clair, de « scènes figuratives ». Cf « Le modèle du « relief », un appui pour l’analyse figurative », §1 note 7.
[14] Cf Fr. MARTIN, « « Les feuilles mortes » » de Jacques Prévert : Approches de l’énonciation ». Cf aussi « Un cadre théorique : le « schéma de la parole » », §2b. Entre ces traces et le marcheur « réel » qui les a suscitées il y a la même distance qu’entre la place de l’énonciation et l’auteur réel qu’une analyse historique, géographique, littéraire chercherait à retrouver dans un texte.
[15] Cette expression a été proposée par Jacques Geninasca.
[16] Cette scène est dite originaire car elle représente une scène originelle radicalement absente, mais où interviendrait l’origine même de la parole. En effet, comme indiqué dans le premier article de ce parcours (« Un cadre théorique : le « schéma de la parole » », §1c, note 17, et §2a, note 24), le dire n’est jamais qu’un lieu de dépôt par lequel transite une parole qui vient d’en-deçà de lui et se poursuit au-delà.
[17] L. PANIER, « Le statut discursif des figures et l’énonciation », Sémiotique et Bible n° 70 / juin 1993, p 21-22.
[18] « Introduire ici la notion de sujet ne préjuge pas de quelle nature est réellement celui-ci. Rien n’oblige notamment à reconnaître en lui le sujet cartésien, maître de sa pensée et de ses intentions, identifié à et par son cogito. Au contraire, ce sujet est celui dont la mise en discours témoigne : sujet parlé par la langue autant qu’il est parlant, sujet su sans le savoir tout autant sinon plus qu’il ne sait. Sujet donc qu’on ne peut réduire à la personnalité d’un auteur reconstitué par les approches historico-critiques mais sujet qui, manifesté par une mise en discours de la langue, révèle une forme concrète du sujet humain en tant que soumis à la parole. » Fr. MARTIN, « « Les feuilles mortes » » de Jacques Prévert : Approches de l’énonciation », p 14.
[19] L’impossible signalé ci-dessus tient à ce que cette harmonisation n’est pas une confusion : le lecteur ne coïncidera jamais entièrement avec l’énonciateur – une telle coïncidence supposerait en effet qu’il « devienne » cette position…
[20] Fr. MARTIN, « « Les feuilles mortes » » de Jacques Prévert : Approches de l’énonciation », p 14.
[21] C’est au point que la l’exégèse biblique nomme les textes péricopes, c’est-à-dire « découpages ».
[22] Ce que l’enseignement scolaire du français appelait (appelle encore ?) « faire le plan d’un texte »…
[23] Sur le dessin proposé ci-dessous, les flèches représentent le débrayage du dire. Indiquées ici en dégradé de gris, elles seraient en rouge sur un dessin en couleurs. Les rectangles (indiqués en perspective) sur lesquels elles se détachent désignent les différents niveaux somatiques (ici n0, n1, n2) distingués par un relief. Sur un dessin en couleurs, ils seraient soulignés par un dégradé de violets, représenté ici par un dégradé de gris. Les traits noirs surimposés au dessin, indiqués en creux sur le relief et en plein sur le vitrail, représentent les lignes qui constituent la forme énonciative de l’énoncé.
[24] Ce choix est un hommage à Jean Delorme, qui comparait souvent les textes à des vitres et définissait la sémiotique comme une discipline enseignant à s’arrêter à la vitre. L’analyse figurative a montré qu’il s’agissait de vitres peintes. L’analyse énonciative reprend à son tour la métaphore en la développant par celle d’un vitrail, c’est-à-dire d’une vitre composée de fragments assemblés.
[25] Ce qui la situe au plus loin d’une « réalité » historique que l’énoncé permettrait de retrouver.
[26] « En partant du sujet de l’énonciation, implicite mais producteur de l’énoncé, on peut donc projeter (lors de l’acte de langage…), en les installant dans le discours, soit des actants de l’énonciation, soit des actants de l’énoncé. Dans le premier cas, on opère un débrayage énonciatif, dans le second un débrayage énoncif. Selon le type de débrayage utilisé, on distinguera deux formes discursives… : dans le premier cas, il s’agira des formes de l’énonciation énoncée (ou rapportée : tel est le cas des récits en « je », mais aussi des séquences dialoguées ; dans le second, des formes de l’énoncé énoncé (ou objectivé) : ainsi en va-t-il dans les narrations qui ont des sujets quelconques, dans les discours dits objectifs, etc…» A-J GREIMAS & J. COURTÈS, Article « Débrayage », Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, t. 1, Paris, Hachette Université, 1979, p 80.
[27] A vrai dire le modèle proposé ici pourrait être affiné : en effet le débrayage énonciatif peut à son tour produire deux catégories de figures qu’il y a lieu de distinguer. Des figures d’ « énonciation rapportée« , où des acteurs de l’énoncé prennent la parole à la 1° personne grâce à une délégation explicite, mais temporaire, de la « voix du texte ». Et des figures d’ »énonciation énoncée » qui mettent en scène la parole du texte lui-même (comme par exemple l’adresse d’une lettre). La délégation de parole reste ici implicite, mais elle est définitive : l’ensemble de l’énoncé est assumé par le « je » auquel la « voix du texte » délègue la parole. E. Benveniste a proposé de différencier sur cette base les modalités littéraires du « récit » et du « discours ». L’énonciation énoncée caractérise le discours. Elle est absente du récit, qui comporte seulement des figures d’énonciation rapportée. Cf « Le modèle du « relief », un appui pour l’analyse figurative », Conclusion, note 30. Pour plus de précisions cf A. PENICAUD, « Repenser la lecture ? Enjeux d’une approche énonciative des textes », Sémiotique et Bible n° 131 / septembre 2008, p 3-28.
[28] Comme indiqué dans le document présentant le schéma de la parole (Cf « Un cadre théorique : le « schéma de la parole » », §1,b, note 6), la définition de l’embrayage proposée ici s’écarte de celle de Greimas. Celui-ci définit l’embrayage comme une contre-dynamique déterminée en miroir avec le débrayage : « à la fois comme une visée de l’instance de l’énonciation et comme l’échec, comme l’impossibilité de l’atteindre ». Cependant il cantonne cette dynamique à l’intérieur de l’énoncé, en qualifiant l’embrayage comme un « retour à l’énonciateur des formes déjà débrayées » (Article « Débrayage », Dictionnaire, p 81), ou plus exactement comme un « effet de retour à l’énonciation ». De ce point de vue « L’embrayage total est impossible à concevoir, ce serait l’effacement de toute trace du discours, le retour à l’ « ineffable ». » A-J GREIMAS & J. COURTÈS, Article « Embrayage », Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, t. 1, Paris, Hachette Université, 1979, p 119.
L’embrayage dont il est question en sémiotique énonciative assume pour partie cette description, puisqu’elle le comprend également comme le revers du débrayage. Cependant elle le définit en rapport avec l’instance de l’énonciataire : il lui semble en effet que l’échec d’un embrayage intra-textuel décrit par Greimas rebondit vers le lecteur, et que c’est précisément cette dynamique d’embrayage qui le guide vers une position d’énonciataire.
[29] Cet entendre ne saurait pas plus être figuré que ne l’est le dire de la « voix du texte ». Comme lui, mais de façon inverse, il est totalement extérieur à l’énoncé : tandis que le débrayage du dire est le présupposé de l’énoncé, l’embrayage de l’entendre en est la visée. La lecture de l’énoncé ouvre le temps d’un entendre qui reste entièrement à construire.
[30] Source: http://www.gralon.net/articles/photo-et-video/photo-et-video/article-qu-est-ce-que-la-focale-en-photographie- -3401.htm#definition
[31] En théorie, cet assemblage n’est pas limité : le nombre de fragments que peut réunir un niveau de focale est en effet fonction de l’organisation de l’énoncé considéré. Dans la pratique, il est rare qu’une focale associe plus de quatre fragments : elle se compose le plus souvent de deux fragments, et parfois de trois.
[32] Cette « hiérarchie » est purement descriptive : elle est constituée par la localisation d’une scène à l’intérieur d’une focale précise.
[33] Il faudrait indiquer ici l’ensemble du texte, ce qui n’est pas fait pour éviter d’alourdir la présentation.
[34] Ce système a été élaboré à partir des propositions de Philippe Monot, de l’ARS-B (Atelier de Recherches Sémiotiques de Bretagne). Qu’il en soit vivement remercié.
[35] Cette expression fait référence au commentaire d’un texte d’Origène proposé par J. Calloud dans un article devenu fondateur pour les travaux du CADIR. Voici ce texte : « Cependant, si, dans tous les détails de ce revêtement, c’est-à-dire le récit historique, avait été maintenue la cohérence de la loi et préservé son ordre, notre compréhension aurait suivi un cours continu et nous n’aurions pu croire qu’à l’intérieur des Saintes Ecritures était enfermé un autre sens en plus de ce qui était indiqué de prime abord. Aussi la Sagesse divine fit-elle en sorte de produire des pierres d’achoppement et des interruptions (Rm 9,33) dans la signification du récit historique, en introduisant, au milieu, des impossibilités et des discordances. Il faut que la rupture dans la narration arrête le lecteur par l’obstacle de barrières, pour ainsi dire, afin de lui refuser le chemin et le passage de cette signification vulgaire, de nous repousser et de nous chasser pour nous ramener au début de l’autre voie : ainsi peut s’ouvrir, par l’entrée d’un étroit sentier débouchant sur un chemin plus noble et plus élevé, l’espace immense de la science divine. » Origène, Traité des Principes (peri archôn), introduction et traduction par Marguerite Harl, Gilles Dorival, Alain Le Boulluec, Paris, Etudes Augustiniennes, 1976, 224-225. On en trouvera le commentaire de Jean CALLOUD, in « Le texte à lire », in L. PANIER éd. Le temps de la lecture. Exégèse biblique et sémiotique. Mélanges offerts à J. Delorme, Paris, Cerf Lectio divina 155, 1993, p 52-53.
[36] D’où l’importance d’une traduction aussi littérale que possible, qui préserve ces obscurités. Malheureusement les traductions habituelles, régies par un impératif de clarté, s’efforcent de les gommer.
[37] Cf « Le modèle du « relief », un appui pour l’analyse figurative », §1 notes 11-12. Le terme « structures de la signifiance » sera explicité par le § 4,c du présent document.
[38] Cette expression est empruntée à Henri MESCHONNIC, Pour la poétique, Paris, Gallimard, 1970.
[39] Revient ici la problématique esquissée par la conclusion du texte « Le modèle du « relief », un appui pour l’analyse figurative », dont se ressaisira la fin du présent document.
[40] Cf « Un cadre théorique : le « schéma de la parole » », §1,c.
[41] Cf « Le modèle du « relief », un appui pour l’analyse figurative », §1.
[42] Cf Lc 4, 21 « Aujourd’hui est remplie cette écriture dans vos oreilles ».
[43] Ils expérimentent la « voix du texte » : cf « Un cadre théorique : le « schéma de la parole » », §2a, note 20.
[44] L’expression est de Jacques Geninasca : « L’écrit — le dit — n’est pas le texte. Préalablement à sa prise en charge par un sujet, à la construction que doit encore effectuer une instance énonciative, il n’est pour le lecteur, pour l’auditeur, que la promesse ou la virtualité d’un texte : un objet textuel, ce sur quoi — à partir de quoi — il convient d’instaurer un (ou plusieurs) texte(s). Chaque usage, chaque « pratique discursive » a pour effet d’actualiser certaines des virtualités de cet objet textuel, par et à travers l’actualisation simultanée d’un sujet (une instance énonciative) et d’un objet (le texte proprement dit). Lire, interpréter un énoncé, en constituer la cohérence, cela revient à actualiser le texte — dont l’objet textuel n’est encore que la promesse — en vue de le saisir comme un tout de signification, comme un ensemble organisé de relations, autrement dit comme un discours. » J. GENINASCA, La Parole littéraire, Paris, PUF, 1997, p 86. Cf aussi cf « Du texte au discours littéraire et à son sujet », in Le discours en perspective, Nouveaux Actes sémiotiques 10/11, 1990.
[45] J. LADRIÈRE « Signification et signifiance », Synthèse, 59 (avril 1984), p. 59-67. Le concept de signifiance a été utilisé par les chercheurs du CADIR. Ils l’avaient reçu de Roland Barthes qui l’avait lui-même hérité de prédécesseurs. R. BARTHES écrit ainsi : « Il me semble distinguer trois niveaux de sens. Un niveau informatif, ce niveau est celui de la communication. Un niveau symbolique, et ce deuxième niveau, dans son ensemble, est celui de la signification. Est-ce tout ? Non. Je lis, je reçois, évident, erratique et têtu, un troisième sens. Je ne sais quel est son signifié, du moins je n’arrive pas à le nommer. Ce troisième niveau est celui de la signifiance », « La mort de l’auteur », in R. BARTHES, Dans le bruissement de la langue, Essais critiques, IV, Paris, Seuil, 1984, pp. 63-69. Au CADIR la perspective de la signifiance a été ouverte par Louis Panier et par François Martin, et située par eux au point de rencontre entre théologie et anthropologie lacanienne. Voir par exemple, de L. PANIER, « La théorie des figures dans l’exégèse biblique ancienne : Figures en devenir », Sémiotique et Bible n° 100, déc. 2000, pp. 14-24 : « Faut-il (…) supposer que dans la lecture des figures se conjoignent l’usage des choses, en devenir vers (et à partir de) la jouissance, et la signifiance, en devenir vers son accomplissement ? La théorie patristique des figures (…) conduit à la question anthropologique du sujet, d’un sujet de l’interprétation, posé à la croisée des choses et des signes, du monde et du langage, de la perception et de la parole, de la jouissance et de la signifiance. Les questions soulevées par cette sémiotique ancienne rejoignent peut-être les interrogations les plus récentes d’une sémiotique sensible à la question du sujet et de sa fonction dans la saisie du monde et dans le langage » (p 23).
[46] Cf « Un cadre théorique : le schéma de la parole », §1b note 11, §2b note 29. Ce qu’un lecteur prend pour le sens d’un énoncé est ainsi l’effet de sens produit en lui par sa rencontre avec l’énonciation de cet énoncé, en raison de la signifiance (du faire sens) qui lui est inhérente. Cet effet de sens est une révélation « du » sens, mais n’est pas ce sens, qui demeure hors d’atteinte.
[47] Fr. MARTIN, « « Les feuilles mortes » » de Jacques Prévert : Approches de l’énonciation », p 7.
[48] Rappelons que le concept d’ « intransitivité » a été proposé par J. Geninasca pour rendre compte de la capacité de certains textes (poétiques, spirituels, bibliques…) à renvoyer, au bout compte, à l’expérience énonciative à laquelle ils invitent leurs lecteurs. Cf « Le modèle du « relief », un appui pour l’analyse figurative », conclusion.
[49] Interprétation dont le texte souligne la solidarité avec la relation à l’autre humain « sœur », ou frère.
[50] La présentation de l’analyse énonciative proposée ici est chrono-logique : pour des raisons pédagogiques, elle développe dans le temps un geste d’analyse qui relève plutôt de la topologie. La réalisation du vitrail et la lecture des focales, le discernement de l’énonciation dans le choc de la signifiance et le discernement des structures sont reliés logiquement : ils font système. Ainsi l’analyse énonciative peut s’engager par n’importe laquelle de ces trois entrées… y compris par la fin ! L’enjeu du présent document n’est donc pas de proposer un protocole qu’il s’agirait nécessairement de suivre dans l’ordre, mais plutôt de rendre compte d’une logique qui peut être décrite.
[51] Cette proposition peut être formulée pour les textes du Nouveau Testament, dont elle apparaît à l’usage comme une marque de fabrique. Il en va de même des textes l’Ancien Testament que nous avons pu lire, mais une expérience plus limitée ne nous permet là que des hypothèses encore timides. On peut supposer que c’est également le cas des écrits de sagesse des différentes religions et, dans une moindre mesure des textes poétiques. Il n’est pas dit en revanche qu’il en va de même des autres types de textes.
[52] Pourrait s’entendre là comme un écho du Magnificat :« 48[…] il a regardé d’en haut sur la bassesse de son esclave ; […] 52il fit descendre les puissants des trônes et éleva les bas, 53les ayant faim il remplit de bons – et les étant riches il renvoya dehors vides. »
[53] Il y a là un fort écho avec Lc 4,18-19, déjà cité précédemment.
[54] Cf « Un cadre théorique : le « schéma de la parole » », §1c.
[55] Durant les dernières années le travail du CADIR s’est concentré sur les textes bibliques. Mais les textes littéraires attestent également de cette opérativité somatique. C’est pourquoi une nouvelle branche de la recherche, constituée d’enseignants-chercheurs en littérature, s’intéresse dès à présent aux textes littéraires, considérés dans cette optique.
[56] Ce mot est un néologisme, inventé en écho à la « diachronie » et à la « synchronie » bien connus des exégètes.
[57] Nous pensons notamment à Alain Dagron, Bertrand Gournay, aux membres du CADIR-Aquitaine (réunis par Jean-Pierre Duplantier) et à l’équipe de l’ARS-B (Atelier de Recherches Sémiotiques de Bretagne : Cécile Turiot, Claude Chapalain, Pierre Chamard-Bois, Philippe Monot, Malou LeBars…).
[58] Nous pensons en particulier à Yohanan Goldman et au frère Philippe Lefebvre, de l’Université de Fribourg en Suisse, ou encore à Philippe Mercier, de l’Université Catholique de Lyon. Et aussi au modèle que fut Paul Beauchamp. Mais bien d’autres exégètes « lecteurs » pourraient se reconnaître ici.